Il y a quelques jours, notre instituteur nous a annoncé que nous allons partir à Paris le quinze juin. Bien sûr, toute le classe était surprise de la bonne nouvelle.
- Quelle chance ! Je pourrai enfin voir la Joconde et on pourra visiter les Champs-Élysées !, hurlait Isabelle, folle de joie. Quelques garçons criaient :
- Ouais ! Il y aura de belles filles, j’espère !
Claude Schmit (notre maître) nous a donné une lettre avec quelques informations :
Nous allons ‘habiter’ dans l’hôtel Mister Bed, il y aura des
chambres pour 2, pour 3 et pour 5 personnes.
Le plan des journées sera le suivant :
Le premier matin nous irons au Louvre et l’après-midi à la Tour Eiffel. Le
deuxième jour on va visiter l’église Notre Dame et l’après-midi on
ira peut-être voir la tour Montparnasse.
Le lendemain nous traverserons les Champs-Élysées et ceux qui voudront
pourront acheter des cadeaux pour leurs parents, frères et sœurs.
Il y avait aussi marqué ce que nous devions emmener comme vêtements, de l’argent,
une brosse à dents et du dentifrice, un pyjama…
- Nous irons au Louvre ? C’est ennuyeux ! J’y étais il y a 4 ans !, râlait Paul. Pierre et Steve étaient du même avis.
- Je ne peux plus changer le plan. Et même, cela ne vous fera pas de mal de voir des sculptures et des tableaux d’un peintre célèbre. La Joconde, c’est le plus célèbre portrait du monde !, expliquait l’instituteur.
Quelques jours avant le voyage, la classe décidait qui partagerait la chambre avec qui.
- Moi je veux absolument venir dans une chambre avec Julie et Stéphanie !, commandait Carole.
- Et moi, il faut qu’Isabelle et Claude soient avec moi dans une chambre !, criait Alixe. Les garçons étaient moins difficiles que les filles ! Ils étaient vite décidés :
Steve partagerait une chambre à cinq avec Maxime, Tom, Paul et Pierre. Et Charli ira dans une chambre à deux avec Alison. Du côté des filles, Julie, Carole et Stéphanie iraient dans une chambre à trois. Alixe, Isabelle et moi (je m’appelle Claude) aussi.
Le jour du départ se passait comme prévu : Vers sept heures et demi, les
parents disaient au revoir à leurs enfants et à huit heures, le bus partait.
Les garçons étaient assis sur la banquette arrière et les filles à l’avant
près du chauffeur.
À dix heures pile, nous étions arrivés à Paris. Le bus s’arrêtait juste
devant l’hôtel.
- Mister Bed. Il a l’air nouveau, cet hôtel !, disait Alixe en y
jetant un coup d’oeil.
Quand Claude avait sorti nos bagages, il est allé à la réception prendre les cartes pour pouvoir entrer dans nos chambres.
- Ecoutez-moi tous. Vous savez bien que Paris est une très grande ville, soyez alors prudents et ne me quittez jamais, quand on va visiter quelque chose ! Dans une demie heure nous irons au Louvre. Rangez vos valises et vos affaires. Je vous attendrai ici.
Lorsque Claude avait fini d’expliquer, tout le monde montait dans sa chambre.
- Zut ! Ce n’est pas la bonne carte. Isabelle, va chez Carole et change-la s.t.p !, commandait Alixe et donnait la carte à Isa.
Quand elle est revenue, elle avait la bonne carte. Elle la donnait à Alixe qui ouvrait alors la porte. A dix heures et demie, les enfants étaient tous en bas. Le maître comptait les élèves :
- Tout le monde est là ? Bien, allons-y !
Arrivé au Louvre, la dispute commençait :
- C’est ça le Louvre ? Il est beaucoup plus moche que sur les photos !, s’écriait Paul en faisant une grimace.
- C’est pas vrai ! Moi je le trouve même mieux que sur les photos !, répliquait Carole.
Notre instituteur nous faisait signe de nous taire.
- Calmez-vous ! Vous voulez visiter le Louvre oui ou non ?
Des clameurs venaient des garçons, les filles au contraire faisaient un signe de tête affirmatif à Claude. Comme je déteste les disputes, je criais :
- Les garçons, taisez-vous ! Sur le plan il y avait écrit que nous allons voir le Louvre et vous devez l’accepter !
Pierre, Paul et Steve s’approchaient de moi.
- La ferme, toi ! Les garçons n’ont jamais été d’accord pour aller
au Louvre. Claude l’avait prévu parce que toutes les filles voulaient y aller
et tu sais bien qu’il préfère les filles !, criait Pierre pas trop fort
parce qu’il ne voulait pas que le maître l’entende.
Isabelle, Carole et Stéphanie se mettaient devant moi.
- Tu te crois très intelligent ! Si Claude dit, qu’on va au Louvre, c’est comme ça et vous n’y pouvez rien faire !, murmurait Isabelle.
Là, Steve ne pouvait plus se contrôler.
- Pétasse ! Maintenant je sais, pourquoi t’es la seule à ne pas encore avoir d’ami ! Une conne comme toi, personne n’en a besoin !
Isabelle se tapait avec le doigt au front.
- Ça n’a rien avoir ! On parle du Louvre et pas de ma vie personnelle !, disait-elle et tournait les yeux.
Le maître en avait assez.
- Ça suffit les enfants ! Si vous ne vous taisez pas, on rentre à l’hôtel. C’est incroyable, vous ne savez pas vous conduire !
Finalement, nous y sommes quand même allés. Après quelques minutes de visite, les garçons recommençaient à se plaindre. Ils en avaient marre. Tout à coup, j’entendais Paul qui chuchotait quelque chose aux autres.
- Hé, les gars. J’ai une idée comment faire sortir les filles et Claude d’ici !
Comme j’avais déjà vu le Louvre l’année dernière, j’écoutais attentivement ce que les garçons discutaient.
- Vous savez bien que toutes les filles détestent les fourmis ou les choses qui courent. Alors, vous ne voyez pas clair ? Je dirai à Claude que je dois aller aux toilettes, mais au lieu d’y aller vraiment, je ramasserai des fourmis et des cafards et je les mettrai dans mes poches. Puis, je reviendrai et vous m’aiderez à mettre les fourmis et les cafards sur les tableaux et les sculptures. Sans se faire remarquer, bien sûr !, expliquait Paul.
- Et tu les trouves où, les fourmis et les cafards ?, demandait Steve. – Laisse-moi faire !
Lorsque Paul avait fini d’expliquer, ils commençaient le plan. Je courais le plus vite possible chez les filles pour les prévenir.
- Et comment veux-tu les empêcher ?, demandait Isabelle.
Je fronçait les sourcils. Mais Carole avait tout de suite une idée.
- On fera comme si ça ne nous gênait pas. Ils verront ce qu’ils verront !
Lorsque Paul revenait des ‘toilettes’, je faisais un signe aux filles de se préparer. Après quelques minutes, Claude nous disait que nous étions au bout du Louvre et que nous allions retourner maintenant.
- On va bien rire !, disait Paul en riant du malheur qui allait arriver aux autres.
Moi, qui avait compris ce que Paul avait dit, éclatais de rire intérieurement.
- Non, c’est plutôt nous qui rirons bien !, ai-je pensé.
Carole, Isabelle, Alixe, Stéphanie, Julie et moi, on jouait notre rôle parfaitement. Alixe détestait les cafards, mais elle tenait bon. Même Claude ne remarquait rien.
- Ce n’est pas normal. Evidemment il y a quelque chose qui ne marche pas. Les filles ne disent rien !, chuchotait Pierre tout à coup en fronçant les sourcils. Stéphanie n’en pouvait plus. Toutes les filles commençaient à rire et ne pouvaient plus s’arrêter.
- Je croyais que les filles détestaient les petits animaux qui courent !, murmurait Steve à l’oreille de Paul. Les garçons ne comprenaient plus rien.
Claude nous demandait, pourquoi nous devions rire et pourquoi les garçons faisaient des grimaces comme si quelqu’un avait avalé une poule.
- C’est parce que les garçons voulaient nous choquer avec des cafards et des fourmis. Paul est allé les ramasser, lorsqu’il a dit, qu’il allait aux toilettes !, expliquait Alixe.
Là, le maître se mettait en colère.
- Alors là, j’en ai assez ! Prenez votre sac à dos. On rentre !, criait-il en devenant de plus en plus fâché.
Lorsque tout le monde était dans sa chambre, Isabelle jetait son sac à dos de plein fouet sur son lit.
- Putain ! À cause des garçons, je ne pouvais pas voir la Joconde. C’est pas vrai, c’est pas vrai… !, s’écriait-elle en cherchant quelque chose.
- Mais, que cherches-tu ?, demandait Alixe.
- Je ne sais pas. Il faut, que je m’occupe à faire quelque chose, sinon je deviens dingue !, répondait Isabelle en tenant dans la main un cube multicolore qu’elle venait de trouver.
Soudain, Steve, Pierre et Paul entraient dans notre chambre et ont commencé la bagarre.
- Qu’est-ce qui vous prend de dire au maître que nous voulions aller visiter l’église ‘Notre Dame’ ? Êtes-vous devenues complètement folles ? C’est seulement une ennuyeuse église !, criait Paul avec une telle force, que tout l’hôtel pouvait l’entendre.
Alixe, Isabelle et moi, on se regardait et on fronçait les sourcils.
- On n’a rien dit, nous !, se défendait Alixe.
Paul riait bêtement.
- Mon œil ! Qui alors aurait pu faire ça ? Réfléchissons… Désolé, je ne peux pas trouver une autre personne dans mon cerveau !, disait Pierre en se tapant avec le doigt sur le côté du front.
- Tu n’as pas de cerveau !, criait Isabelle.
Comme ça, la dispute continuait jusqu’à onze heures le soir.
Le lendemain, le maître nous réveillait déjà à six heures et demie.
- Qu’est-ce que… ?S’est-il passé quelque chose, Claude ?, demandait Isabelle. Le maître n’expliquait pas longtemps :
- On doit rentrer à la maison. Des gens se sont plaints hier soir que vous faisiez trop de bruit. En plus, il y a quelqu’un de vous qui a volé un cendrier cher du restaurant en bas !
On voyait que Claude ne savait plus quoi faire. Alixe, Isabelle et moi, on se regardait longtemps. Puis, Alixe avouait :
- Je sais qui a volé le cendrier… C’est moi, Claude ! Mais je ne l’ai pas fait exprès, je voulais seulement apporter un beau cadeau à ma mère et comme elle fume et qu’elle a besoin d’un cendrier, j’ai pensé que c’était le bon cadeau. Si j’avais su, que le cendrier coûterait si cher, je ne l’aurais jamais volée ! Je suis désolée…
Isabelle et moi, on faisait de grands yeux. Alixe ne nous avait rien dit. Mais aussi l’instituteur ouvrait les yeux.
- Ce n’est pas la question que le cendrier a coûté cher, Alixe. Le principe est, que tu as volé quelque chose. Et tu sais bien qu’on n’a pas le droit de voler.
Alixe commençait à pleurer. Elle cherchait le cendrier et quand elle l’avait trouvé, elle l’a donné à Claude.
- Je suis désolée, je ne peux pas faire plus que de le rendre et de m’excuser !, chuchotait-elle, les joues pleines de larmes.
Alors, le lendemain, toute la classe repartait à la maison. Claude secouait toutes les 3 minutes la tête en murmurant :
- C’est vraiment impossible ! Cette classe ne fait que du bordel. C’est impossible, impossible !
Les garçons se moquaient maintenant d’Alixe.
- Alixe, la voleuse. Alixe, la voleuse ! Alixe… !, criaient-ils en lui tirant la langue. Mais Alixe ne réagissait pas. Elle les ignorait simplement.
Lorsque tout le monde était dans le bus, Claude montait encore une fois pour regarder, si personne n’avait oublié quelque chose.
- Non ! On peut partir !, disait-il, triste de devoir rentrer si tôt.
Dans le bus, Claude a appelé tous les parents pour dire qu’on arriverait vers dix heures. Et vraiment, on arrivait à dix heures pile. Ma mère m’attendait devant l’école avec mon petit frère. Elle bavardait avec la mère de Carole et d’Alixe. Quand je suis sortie, mon frère a accouru et il m’a embrassé.
- Même si vous n’étiez pas parti longtemps, tu m’as manqué !, chuchotait-il en me donnant un bisou sur la joue. Il était si mignon !
À la maison, je racontais un peu ce qui était arrivé et pourquoi on est revenu si tôt. Mais je mentais un peu. Je ne racontais pas, qu’on se disputait tout le temps. Je disais, qu’on devais rentrer parce que la femme de Claude avait eu soudain un accident et qu’elle était maintenant à l’hôpital. Heureusement, ils me l’ont cru.
- Si j’ai bien compris, vous êtes revenus à cause de l’accident ?! Quel dommage !, disait mon père.
S’il savait... !!!!!!
Jil (juin 2002)